
Quand l’absence de frontières engendre un contrôle sans limites
- Edwin

- 21 juin
- 2 min de lecture
À l’heure où les frontières nationales s’effacent, on nous avait promis un monde plus libre, plus fluide, plus ouvert. Moins de murs, plus de ponts. On nous parlait de liberté, de progrès, d’un avenir sans barrières.
Mais dans les faits, jamais notre quotidien n’a été autant encadré. Portiques à l’entrée des écoles, contrôles dans les centres commerciaux, fouilles dans les gares, surveillance des marchés de Noël, vidéos dans toutes les rues…
Là où les frontières extérieures disparaissent, de nouvelles frontières intérieures émergent. Ce paradoxe doit être interrogé.
L’effacement des frontières : un idéal devenu piège
L’abandon progressif des frontières nationales a été justifié par un discours d’ouverture : libre circulation des personnes, des biens, des services, des idées. Une promesse de liberté et de prospérité.
Mais en renonçant à contrôler ce qui entre sur notre territoire, on a créé une situation instable, où les outils traditionnels de protection ont été désactivés — sans réelle alternative.
Résultat : pour compenser ce vide, on a déplacé les mécanismes de sécurité à l’intérieur même du pays, au cœur de notre quotidien.
L’émergence de frontières intérieures
Ce transfert s’est traduit par une multiplication des dispositifs de contrôle dans les lieux publics et semi-publics : écoles, centres commerciaux, gares, marchés, événements culturels ou religieux.
Ce qui était exceptionnel devient banal : fouilles, portiques, sas, barrières, zones interdites, agents armés.
Chaque espace se transforme en point de passage. Nous franchissons chaque jour des frontières invisibles, sans quitter le pays.
Le règne silencieux de la surveillance
En parallèle, la vidéosurveillance s’est imposée comme un réflexe de gestion. Elle ne protège pas, mais elle observe, enregistre, traque. Et elle le fait en permanence.
Ce n’est plus la menace qu’on cherche à intercepter, mais le comportement qu’on cherche à prédire.
La logique du soupçon devient structurelle. Ce n’est plus une société libre que nous habitons, mais un espace balisé, surveillé, codifié.
Une illusion de protection
Tous ces dispositifs donnent l’impression d’une réponse forte. Mais ils ne s’attaquent pas aux causes. Ils n’agissent qu’en surface, qu’en réaction.
Portiques et caméras ne remplacent pas une politique d’ordre. Ils masquent une incapacité à désigner les problèmes, à poser des limites, à défendre une cohésion nationale.
En réalité, nous gérons les effets secondaires d’un abandon politique, au lieu de traiter les causes profondes de l’insécurité.
Conclusion
On nous avait promis plus de liberté. Ce que nous avons obtenu, c’est plus de contrôle.
Moins de frontières aux frontières… mais plus de barrières dans nos écoles, nos marchés, nos gares, nos rues.
Cette surveillance n’est pas le prix de la liberté : elle en est le renversement.
La prolifération des contrôles n’est pas un progrès : c’est le symptôme d’un dérèglement.
Et tant que nous refuserons de nommer la cause, nous continuerons à vivre dans un pays sans frontières… mais sous cloche.

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